“Quand l’enfant porte sa propre ombre”

Il fut un temps où nous avons cru à un idéal. Nous étions nés sous des ciels serrés, sages, laborieux. Pluton et Uranus en Vierge, Neptune en Scorpion, des planètes qui demandaient de réparer le monde avec le cœur et les mains. Alors nous avons voulu faire mieux que nos parents. Nous avons cru qu’aimer suffisait. Qu’écouter suffisait. Qu’ouvrir la porte de la parole, de la douceur et du choix suffisait.

On nous avait dit : « Un enfant aimé deviendra un adulte équilibré. »

Nous avons suivi les injonctions de l’époque comme une boussole morale : sois un parent ouvert, patient, disponible, conscient. Ne reproduis pas. Ne ferme pas. Ne blesse pas.

Nous avons voulu désapprendre la pudeur de nos parents, leur silence, leur rigidité. Nous avons voulu offrir un monde plus tendre, une maison plus respirable, un lien plus humain.

Et puis les années ont passé.

Nos enfants ont grandi. Ils ont porté leurs forces et leurs failles. Et parfois, dans certains d’entre eux, quelque chose s’est levé que nous n’avions pas prévu. Une dureté. Un face-à-face brutal. Une manière de couper, de rejeter, de détruire symboliquement tout ce que nous avions essayé de bâtir. Alors est venue cette question, celle qui ronge les nuits, celle que personne n’ose poser à voix haute :

« Qu’est-ce que j’ai raté ? »

La vérité est simple et pourtant interdite : tu n’as rien raté.

Ce qui s’avance vers toi n’est pas ton échec. C’est la génération de ton enfant. Ce sont ses planètes. C’est son ciel. C’est son époque. C’est son Pluton.

Tu as donné ce que tu pouvais avec l’éducation que tu portais, celle du soin, du service, du “je ferai mieux qu’eux”. Mais tu n’as pas mis au monde un idéal. Tu as mis au monde un être habité par une autre génération planétaire que la tienne.

Les enfants Pluton en Scorpion sont nés du feu sombre : ils portent l’intensité, la rupture, la vérité tranchée, la capacité de brûler les ponts pour renaître autrement.

Les enfants Pluton en Sagittaire sont nés avec des absolus : leur vérité est un royaume qui n’admet aucun contradicteur.

Les enfants Pluton en Capricorne ont grandi dans un monde froid : ils ont appris la distance avant la tendresse.

Et voici que montent les premiers Pluton en Verseau : les êtres du changement permanent, de l’identité mouvante, du lien sans attaches.

Chaque génération possède son ombre. Chaque génération porte une forme de violence qui n’est pas un défaut moral, mais une architecture intérieure.

C’est cela qu’on oublie lorsque l’on accuse les parents de tous les maux. Lorsque l’on répète, comme un refrain usé : « Le parent toxique, le parent toxique… » Non.

Tous les parents ne sont pas toxiques. Et tous les enfants ne sont pas des anges.

Certains enfants portent une ombre qui n’appartient pas à leur mère, ni à leur père, mais à leur génération entière à leur Pluton, à leur époque, à l’air du temps dans lequel ils ont pris leur premier souffle.

Parfois, l’enfant devient exigeant jusqu’à la cruauté, coupant jusqu’à l’injustice, indifférent jusqu’au froid. Pas parce que tu as mal aimé, mais parce que son ciel est plus tranchant que le tien.

Alors, si un jour tu te demandes encore : « Qu’ai-je mal fait ? » Rappelle toi ceci :

Les planètes ne mentent pas. Tu n’as pas échoué. Tu as juste donné naissance à quelqu’un qui porte une autre nuit, un autre mythe, une autre tempête intérieure que la tienne.

Et c'est ainsi . Nathalie .